Soixante-dix milliards pour aider les municipalités à faibles revenus, 6 000 emplois nouveaux destinés au nettoiement, acquisition de matériels au profit d’Extranet (Epic chargé de la propreté), 180 milliards pour les arriérés de salaires, titularisation des contractuels des communes au même poste depuis plusieurs années.
Cette annonce à s’y méprendre est un prélude à une série de mesures que le wali d’Alger a annoncées à demi-mot lors de la rencontre avec les élus des cinq communes de la circonscription administrative de Draria qui s’inscrit dans le cadre des visites qu’il effectue à travers la wilaya pour, d’une part, recueillir à travers des bains de foule le pouls de la rue et, d’autre part, prendre connaissance du niveau d’application des mesures relatives à la qualité du service public. Et de ce côté, les choses semblent aller dans le bon sens. Du moins, selon les concernés directement, à savoir les citoyens.
En revanche, Abdelkader Zoukh sera de plus en plus surpris par le nombre de plaignants qui iront jusqu’à entraver ses visites. Mais à première vue, il commence à s’y faire tant c’est lui qui va vers “la provocation”. Il l’aura certainement compris : le citoyen a envie de crier sa colère contre les promesses en l’air et les deux poids, deux mesures. C’est justement dans ce sens que ses remarques sont allées percuter des sensibilités. Les maires de Draria, Khraïcia, Baba Hassen, El-Achour et Douéra, dont les demandes étaient essentiellement axées sur le manque de moyens logistiques, de transport ou encore de commodités et d’infrastructures sanitaires, sportives, éducatives et culturelles, ont certes été rassurés que leurs doléances seront prises en charge, mais ont vite compris parallèlement que les choses ne se passeraient pas aussi simplement qu’on peut l’imaginer. “Si accord des instances il y a pour vous doter des moyens exprimés, il vous est demandé en contrepartie de vous organiser, de présenter un plan, notamment en matière d’hygiène et de propreté. On ne peut reprocher aux citoyens de jeter leurs déchets de manière anarchique si on ne met pas à leur disposition des bacs conçus à cet effet. J’ai eu à le constater personnellement alors que je faisais, il y a quelques jours, les rues de Bab El-Oued quand j’ai apostrophé un citoyen qui venait de jeter un sac-poubelle sur le trottoir parce que, tout simplement, il n’y avait pas de bac à ordures. Et c’était vrai, il n’y en avait pas”, explique le wali aux maires non sans
rappeler cet aspect négatif de laisser
faire. Revenant à la charge sur cette question, il avertit : “Attention, que chacun soit à la hauteur de ses responsabilités ! Ceux qui ne peuvent pas les assumer n’ont qu’à se retirer et celui qui continue à laisser faire est considéré comme un traître. L’État paie tout service fait et personne ne travaille gratuitement. Les élus perçoivent une indemnité et sont, par conséquent, comptables. Soyez justes avec vos consciences.” Et pour clore ce volet, il fera savoir que des équipes d’inspecteurs sont actuellement en activité. Leur mission est de collecter les informations sur l’application des directives du gouvernement en matière de service public.
Après ce réquisitoire, le wali a cédé la parole au Dale, Mahmoud Benabdi, qui a exhibé une manne de 70 milliards destinés à aider trente municipalités à faibles revenus. Comme il est question de titulariser les employés des communes en situation de vacataires au même poste depuis plusieurs années. Il est également prévu le recrutement de 6 000 agents de nettoiement dont 2 500 au profit de l’Epic Extranet, ainsi que le recrutement d’un personnel d’encadrement à partir de janvier 2014.
A. F